Di seguito riportiamo l’intervista in lingua originale con Jean- Paul Didierlaurant. Si ringrazia Stefan Gisselbaek per il prezioso aiuto.
1. Votre nom a รฉtรฉ pendant des annรฉes, notamment grรขce au prix Hemingway que vous avez remportรฉ deux fois, associรฉ au genre de la nouvelle. A quel point รฉtait-ce difficile de sโรฉloigner de la forme brรจve pour se consacrer ร la rรฉdaction dโun roman? Et ร quel moment vous รชtes-vous senti prรชt pour le faire?
ยซLe travail de concision que rรฉclame l’รฉcriture d’une nouvelle m’a toujours fascinรฉ. รa confรจre un peu ร de l’artisanat d’horlogerie oรน chaque mot compte. L’art du slogan publicitaire est pour moi le must en la matiรจre. J’aime cette idรฉe de sprint, opposรฉe ร la course de fond que reprรฉsente le roman. Aussi, l’รฉcriture du roman, oรน l’on peut se permettre de prendre le temps de poser ses dรฉcors et ses personnages, me donnait le vertige. Il y avait ce gouffre, ces centaines de pages qu’il me fallait remplir. Finalement, je n’ai pas vraiment changรฉ ma faรงon de travailler pour rรฉdiger le liseur. J’ai composรฉ chaque chapitre l’un aprรจs l’autre ร la maniรจre d’une nouvelle, sans regarder au loin, mรชme si bien sรปr, mon plan รฉtait plus ou moins tracรฉ dรจs le dรฉpart. J’ai pu ainsi traverser le gouffre sans jamais contempler le vide mais en fixant mon attention sur chaque nouveau pas ร effectuer pour avancerยป.
2. A quel moment avez-vous compris que lโhistoire de Guylain Vignolles et Julie correspondait ร un nouveau genre littรฉraire?
ยซNouveau genre littรฉraire, ce serait prรฉsomptueux de ma part. Je n’ai pas un seul instant pris conscience de cela pendant l’รฉcriture. Pas plus que je n’avais eu le sentiment d’avoir รฉcrit un conte moderne ou un Feel good book, jusqu’ร ce que l’on m’en fasse la remarque. Il n’y a pas plus solitaire comme acte que celui de l’รฉcriture. Vous รชtes lร , ร jouer avec vos crรฉatures tel un Dieu tout puissant, ร lancer des mots sans vraiment savoir comment ils vont atterrir sur les lecteurs. On ignore alors totalement comment son histoire va รชtre perรงue. Et puis arrive l’instant magique oรน le livre rencontre son public. Vous prenez alors conscience de l’impact que votre roman peut avoir sur le lecteur. C’est ร la fois trรจs jouissif et un peu terrifiantยป.
3. La lecture semble รชtre lโunique รฉlรฉment qui permette ร votre personnage principal de vivre โheureuxโ. Selon vous, au quotidien, dans quelle mesure la lecture peut-elle sauver les hommes de la frรฉnรฉsie de la routine?
ยซC’est plus prรฉcisรฉment la lecture ร haute voix qui permet ร Guylain de ne pas sombrer. Les vingt minutes de lecture dans la rame reprรฉsente le seul moment de la journรฉe oรน il est visible aux yeux des autres en devenant le liseur. La lecture en elle-mรชme est un excellent moyen d’รฉchapper au quotidien. C’est l’un des rares actes qui permette de s’รฉvader sans bouger. En cela, oui, elle a cette capacitรฉ d’apporter de l’oxygรจne dans une vie asphyxiรฉe par la routineยป.
4. โLa Choseโ qui dรฉtruit tout livre, pouvons-nous lโassimiler ร la sociรฉtรฉ actuelle? Et les livres qui sont dรฉtruits peuvent-ils รชtre la mรฉtaphore de lโesprit humain?
ยซPour l’auteur que je suis, le pilon a surtout รฉtรฉ un prรฉtexte pour plonger Guylain Vignolles dans un monde de souffrance au travail. J’ai pris รฉnormรฉment de plaisir ร faire de cette Chose un personnage ร part entiรจre, un monstre avec des hommes ร son service pour le nourrir continuellement. On peut en effet voir beaucoup de symboles dans le pilon et son travail de destruction massive. La sociรฉtรฉ face ร l’individu, le paraรฎtre et le politiquement correcte qui tendent ร nous faรงonner dans un mรชme moule. Mais par son acte de rรฉsistance, si minime soit-il, Guylain endosse l’habit de David contre Goliath et nous laisse espรฉrer de la victoire de l’esprit sur la matiรจreยป.
5. Vous imaginez-vous en Guylain Vignolles ou partagez-vous avec lui quelque expรฉrience vรฉcue?
ยซAvec Guylain, je partagerais la souffrance au travail, chose que j’ai connue comme lui mais trรจs peu de temps et sans aucune commune mesure avec la sienne. Julie me serait plus proche ร tout bien rรฉflรฉchir. Son dรฉcalage entre la fonction et la personne me touche beaucoup. Pendant de longues annรฉes, j’ai travaillรฉ dans un centre de renseignement tรฉlรฉphonique. Un travail rรฉpรฉtitif et assommant mais qui ne m’empรชchait pas d’รฉcrire, bien au contraire. Lors des remises de prix dans des concours de nouvelles, les gens รฉtaient souvent surpris de dรฉcouvrir ma profession, persuadรฉs qu’ils รฉtaient que quelqu’un qui รฉcrivait รฉtait forcรฉment dans le monde des lettres ou de l’enseignement et non un simple standardiste. S’il y a bien une chose que j’aurais ร cลur de dรฉmontrer dans le liseur, c’est que l’habit ne doit en aucun cas faire le moineยป.
6. Votre prochaine oeuvre, une nouvelle ou un roman?
ยซLa sortie d’un recueil de nouvelles est prรฉvue pour septembre 2015. Un bouquet de onze textes, onze personnages pour onze destins, qu’il me tenait ร cลur de montrer aux lecteurs pour qu’ils dรฉcouvrent mon univers de nouvelliste. Et puis je vais m’atteler dรฉbut mai ร l’รฉcriture d’un second roman, en espรฉrant prendre le mรชme plaisir ร le rรฉdiger que j’en ai pris pour composer le liseur. A suivre…ยป.